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Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/32

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— Margarett, il n’a pas dû te faire bon usage, ce petit garcon-là. Je lui trouve l’air timide et déprimé.

La jeune fille se mit à rire.

— P’pa, il est très bien, au contraire, et puis, c’est si rare qu’en France on s’exprime comme il faut…

— Il parle bien ? demanda sir Rollpin avec intérét.

— Admirablement, p’pa, c’est un linguiste habile… En plus, d’ailleurs, c’est aussi un assassin.

Comme la scène se passait dans le hall du Chitterlings Hotel (ou Hôtel des Andouillettes), place Vendôme, James-Athanase Sirup regarda autour de lui avec épouvante. On le désignait ainsi comme un assassin, et en public ! Pourvu que personne n’ait entendu ?

Mais nul, dans le vaste jardin d’hiver, ne paraissait s’occuper des trois personnages conversant au milieu des orangers. La suite du rajah de Gaudemicham (Travancore) faisait seule un bruit d’enfer autour des deux Rollpin, en récitant des hymnes bouddhiques avec des moulins à prières, mus par une pédale, et tout semblables à des machines à coudre.

— Un assassin ! s’exclama l’Anglo-Saxon, il n’en a pourtant pas l’air…

Et il dévisagea l’amant de sa fille, lequel rougit.

— Combien pouvez-vous tuer d’hommes par jour ? demanda-t-il enfin.

— Heu, répondit Sirup, qui reprenait ses esprits, pas plus de trois ou quatre, mais, bien entendu, je ne fais pas les frais des obsèques.

Margarett Rollpin remarqua :

— L’assassinat doit être déjà bien grevé de frais généraux.

— Ne m’en parlez pas, s’exclama Sirup, tout a fait remis de ses émotions, c’est ruineux !…

— En Océanie, au moins, repartit doctement sir Rollpin,