Aller au contenu

Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 46 —

les mystérieux dédales nocturnes du vaste hôtel. Ainsi, se voyant obligé de ne l’abandonner point, il décida de s’en aller avec elle. D’ailleurs, la chance à courir là, valait bien de chercher dans un imbroglio indéchiffrable de couloirs et de passages, une issue autre que celle donnant sur la rue des Trois-Landions-Bleus. Et ils partirent ainsi, l’un suivant l’autre.

Tous deux, Sirup en femme, godillant de la croupe comme si c’était son métier, et Mary Racka à deux pas derrière, suivirent donc le tracé que Margot avait si soigneusement établi. Ils débouchèrent enfin dans le vestibule. À la porte, ouverte sur une voie emplie de lumières, un gros homme lit le journal. Dix personnes conversent ici et là sur des chaises ou debout. Ce tohu-bohu convient à une fuite architecturée par un grand artiste. Sirup, sautant sur ses talons Louis XV, et cambré du torse comme une acrobate, avance, l’arrière-train roulant, à petits pas brefs et rythmés.

Tout le monde regarde cette grande bringue qui a l’air d’appeler les gens par derrière, et un murmure — muet, de désapprobation court dans les esprits. Il y a là des gens des trois sexes, dont aucun n’est à vendre, sur toutes ses faces, pour plus d’un tout petit format de billet. Voilà pourquoi la réprobation accueillit Sirup.

Il arriva enfin à la porte. L’ayant regardé avec soin, en homme expert à renifler bien des choses — notoirement la présence de couverts d’argent dans les poches ancillaires — le surveillant ne devine rien de louche chez la donzelle qui se fait remarquer aussi perversement par un roulis de hanches excessif. Sans doute, en sa sagesse, pense-t-il aussi que, craignant les suites de quelque vol furtif, la femme de chambre en question affecterait des allures moins provocantes. Il s’efface.

Sirup passe, recueillant une claque familière sur sa poupe offerte.