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Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/49

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Seulement, les choses se corsent pour l’infortunée Mary Racka. Elle perdait en homme toute sa décision de grande voleuse, bondée autrement d’audace et de cran. Et puis, ce bon Sirup, en lui quittant ses knickers tout à l’heure, pour un office dont j’ai parlé en termes décents et montyonesques, avait peut-être abusé des agrafes et des boutonnières. De sorte que, sentant son pantalon prêt de quitter ses hanches, la pauvre Mary Racka n’avait plus dans la vie, sous son déguisement mal fixé, qu’une timidité de jouvencelle élevée dans un couvent des Îles Baléares. Et le portier, consciencieux, mais devinant surtout qu’il pouvait user de son autorité, arrêta Mary et lui dit :

— La porte du service n’est pas pour vous.

Sirup avait fait un pas dans la rue. Il sentit que les choses allaient mal et revint avec courage — ça lui déchirait le cœur, pourtant — puis appela sa maîtresse tout angoissée.

— Paul, presse-toi !

Encouragée, Mary Racka voulut franchir l’huis sauveur. Le gardien l’arrêta à nouveau.

— Enfin, pourquoi voulez-vous passer par ici ? Qui êtes-vous ?

Sirup flaira qu’il fallait profiter de tout l’avantage que venait de lui conférer un passage passionnant et galant. Il se pencha vers le cerbère au mufle tendu, aux petits yeux de verrat, à l’attitude en même temps hautaine et hésitante pourtant (car en ces hôtels de luxe, on ne sait jamais à qui l’on a affaire).

Et il dit à l’oreille du factionnaire, avec un sourire prometteur :

— Chut, voyons, il est avec moi.

Cela ne voulait rien dire, mais tous les mots de passe, depuis qu’il en est, n’ont jamais eu la moindre signification.

L’homme se retira en arrière, Mary Racka franchit le seuil sauveur…