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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/110

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ENTRE DEUX CARESSES

— Il y a deux revolvers dans l’auto. En voici un.

— Merci ! prenez l’autre. On ne sait jamais.

Tous trois descendirent et s’enfoncèrent, guidés par Sophie, entre les arbres.

— Mexme, dit Sophie à voix basse, voyez-vous cette tache blanche, là-bas, à droite.

— Oui !

— Eh bien c’est une femme en tenue d’oréade…

— Que diable fait-elle ?

— Je ne sais. Elle pose pour un Corot amoureux de nocturnes.

— Merci. Elle ne doit pas avoir chaud.

— Chut… Avançons à la file.

Mexme fait l’arrière-garde. Devant lui Sophie et Idéle de Javilar glissent avec une souplesse merveilleuse à travers les taillis. Il entend seulement les branches qu’elles font plier et qui froissent l’air en se détendant, puis les herbes dures qui crissent sous leurs pas.

Et Mexme soudain se sent seul. Il a perdu ses compagnes. Il avance sans but, en trébuchant. Plus proche de la scène, il ne sait pourquoi l’aventure cesse d’avoir soudain aucun intérêt pour lui.

Il s’arrête. Il est au bord de la clairière où cela se passe. Il voudrait s’en aller. Cette nuit, ce silence, les chuchotements qui par moments viennent jusqu’à lui sans qu’il comprenne les paroles prononcées, tout l’emplit de tristesse. Mon Dieu, comme on est mieux dans une salle de restaurant