Aller au contenu

Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
ENTRE DEUX CARESSES

sinistres et incohérents. Au lieu du borborygme mathématique des moteurs et de l’agréable symphonie des voies parisiennes agitées dans le grand jour, il ne percevait que des voix rauques de balayeurs et ces résonances incompréhensibles de passages matineux. De temps en temps une voiture auto passait. Mais son bruit, au lieu de se fondre parmi l’ambiance musicale de cinquante moteurs en mouvement, se détachait dans le silence avec quelque chose de menaçant et de heurté.

Maintenant le jour était plein. C’était une draperie grise flottant en l’air comme un fantôme. Mexme frissonna.

Il voulut reprendre son travail, mais il en était devenu incapable. Une tristesse glaciale envahissait son esprit.

Il quitta son cabinet et monta se coucher quelques heures après avoir envoyé porter au bureau de la Bourse un télégramme, pour Jeanne Mexme, d’un laconisme peut-être un rien brutal : « Reviens immédiatement Paris. Urgent. »

Quand il se réveilla, son corps avait repris son élasticité et sa pensée lui parut nette comme de coutume. Il retourna méditer sur les mesures urgentes et leur meilleure mise en œuvre.

La banque se remplit de son peuple d’employés. Il entendit les portes battre et les allées et venues témoignant de la vie revenue en ce grand corps dont il était l’âme même.

. . . . . . . . . .