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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/125

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ENTRE DEUX CARESSES

la brasserie dont les arcs et la terrasse l’attirèrent de loin.

Là, il espérait puiser ou la paix du dégoût, ou celle du désir satisfait.


CHAPITRE VI

L’OR IMPUISSANT.

À peine installé, Mexme se vit le centre de vingt regards féminins. Il pensa connaître là son prestige de riche. Sa marche autoritaire, la sérénité de son coup d’œil, la quiétude de son sans-gêne lui étaient, sans doute, un passeport partout. Il y avait foule pourtant en cette brasserie, aux murs décorés de toiles cubistes ou sphéroïdistes, de peintures massives comme la pyramide de Kheops ou arachnéennes comme une hypothèse. On y voyait des femmes, plus légères que des sylphides, porter des muscles de titans, et des petits garçons ingénus s’offrir avec des apparences d’Hercule Farnèse. Des baigneuses incandescentes volatilisaient en s’y plongeant le lac de Come ou celui de Palmyre. Des édifices charnus puissamment bétonnés paraissaient ici témoigner d’un génie étonnant dans la construction de vitrines charcutières. Ailleurs des gens prenaient le thé comme nos aïeux prirent la Bastille. C’était un spectacle curieux et bien propre à faire méditer sur la relativité de toutes les esthétiques.