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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/140

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ENTRE DEUX CARESSES

Insouciante de cette fureur croissante Jeanne continua :

— Vous avez, mon cher, des lubies de vieux jaloux. Naguère je me souviens qu’à la fin d’un dîner vous m’avez sauté dessus comme faisaient, aux beaux temps de la guerre cavalière, les houzards aux filles de fermes. Que signifie cette comédie à diverses faces ? Je vous prie de croire que rien n’est aussi profondément burlesque que d’étaler des sentiments ruraux, lorsqu’on a l’honneur d’être le grand financier Mexme…

Elle ajouta après un court arrêt :

— Et qu’on jouit de la faveur de m’avoir pour épouse…

— Je suis jaloux parce que vous me donnez des raisons de l’être.

— Bah… Lesquelles ?

— Vos amants…

Les deux mots tombèrent comme une pierre dans un puits sans fond.

Georges comprit confusément qu’il venait de dire une parole sans excuses. Il devint blême. Jeanne se leva. D’un coup de talon elle chassa sa chaise qui s’abattit derrière elle. Droite, et souriante de ses lèvres soudain blanchies, elle regarda son mari de haut en bas.

Il s’était levé, bouleversé.

Elle parla lentement :

— Je ne suis pas de la petite race des femmes qui se défendent ou se justifient.

Elle s’arrêta :