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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/16

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ENTRE DEUX CARESSES

— Mon cher Boutrol, vous ne semblez pas juger Mexme à sa valeur. Ces ruses enfantines auraient eu plus d’inconvénients que de vrais avantages. C’est un lutteur, Mexme. D’ailleurs, il faut être sincère, si on veut que les gens le soient avec vous. Sur lui repose le départ financier de l’affaire. Vous ne semblez pas voir à son plan l’opération immense que va représenter le lancement sur un marché encombré, et assez timoré, de cent millions de titres. Or Mexme, qui est un vrai boursier, un maître de la confiance publique, nous est ici indispensable.

— Vous croyez ?

— Mais je ne le crois pas. J’en suis certain. Vrai, Boutrol, vous devenez extraordinaire. Comment ne vous faites-vous pas une idée de cette chose monstrueuse : émettre cent millions de papier sans passer par les grandes banques à succursales… Mais c’est géant.

— Oh… Vous êtes encore plus fort que lui…

Séphardi, que Mexme, écoutant toujours, imaginait très bien, dut jeter sur l’autre un regard de mépris. Il était insensible à la flatterie. Il répartit enfin :

— Je ne suis pas, comme Mexme, un financier familial, né en ce pays, fils de trois générations de banquiers. Mon nom seul est déjà fait pour épouvanter la Bourse. N’allez pas comparer nos moyens d’actions. Je vous l’ai dit, il est indispensable et il mérite notre confiance comme il nous faut mériter la sienne.