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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/163

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ENTRE DEUX CARESSES

— Dites donc, sergent, il en met, votre banquier. Je ne croyais pas qu’ils soient si maous dans ce métier.

— Oui, il a du cran. Ça lui passera avant que ça ne te revienne. Mais je me demande quelle tante me pégre mes cordes et tout le fourbi ?

— Ça doit être le bicot, évadé d’il y a huit jours, qui vient chercher du matériel ?

— On va lâcher les chiens. Si le juteux radine, tu m’avertis, hein ?

— Gy ! Qu’est-ce qu’il remue le banquier. Dix comme lui et on ratisse toute la forêt en deux mois.

— Dis donc…

. . . . . . . . . .

Georges Mexme, le forçat 54302, surveillait tout, en travaillant dans un coin isolé de la clairière. Il vit l’ami du sergent se tourner. On entendait assez loin les jurons rauques du reste de l’équipe. Tous étaient descendus dans une sorte de fosse et s’apprêtait à somnoler.

À trois cents mètres il percevait le surveillant de la corvée des scieurs de bois. Il tourna autour du buisson que précisément il lui fallait raser et examina encore attentivement êtres et choses. Le moment était venu…

À reculons et les yeux aigus il rentra sous bois. Vingt pas le plongèrent dans un inextricable fouillis végétal : la farouche et terrible forêt Guyanaise entourant et gardant le Camp des Serpents, où le Transporté 54302, ancien banquier