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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/167

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ENTRE DEUX CARESSES

Qu’était devenue Jeanne ? On n’en trouva nulle trace. Une partie de la presse avait voulu la tenir pour complice du banquier et la jugeait d’abord partie avec des fonds escroqués aux actionnaires des Pétroles. On ne s’en tint pas à cette thèse parce que les experts comptables constatèrent l’état rigoureusement honnête de la banque et de la Société Narbonnaise.

On affirma ensuite que Jeanne fût partie avec un amant, mais la foule préférait admettre que son mari l’eut assassinée. Or, les journaux disent ce qui plaît le mieux à leurs lecteurs. Il fut donc admis qu’il y avait crime.

Bien entendu la justice n’en croyait pas un mot, mais il n’est pas d’usage qu’elle se mette en travers des croyances populaires… Le chauffeur des Mexme ayant déposé toutefois sur le départ de Jeanne, on crut un instant au Palais que cela suffirait à calmer la foule, dont on craignait politiquement les colères. Mais, le lendemain du jour où un savant communiqué eut exposé l’opinion du Procureur Général, qui présumait Jeanne Mexme fâchée avec son mari et partie quelque part dans les Balkans en un bourg où elle ne lisait point les journaux de France, on put voir partout cette extraordinaire déduction journalistique : le chauffeur est complice de son patron, son arrestation est une question d’heures…

Georges Mexme était bien perdu.

Dans sa prison le triste vaincu de cette fureur plus financière que judiciaire eut beau méditer sur