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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/168

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ENTRE DEUX CARESSES

tous les moyens de défense il ne vit autour de lui que les abîmes. Éviterait-il même la guillotine ?

Sa grande douleur concernait Jeanne. Où était-elle ? Se serait-elle vraiment suicidée ? Pourquoi ne venait-elle pas tenter de sauver celui qui, devant la loi, et même devant l’amour, était son mari ? Elle ne vint pas.

L’instruction dura dix mois. Les juges espéraient toujours le coup de théâtre qui put alléger leur besogne de magistrats condamnés à condamner. Ils savaient que le jury dirait « Oui ».

Le Procureur Général connaissait l’innocence de Mexme, car la police diplomatique lui avait appris que le lendemain du crime, Lady Berescott, maîtresse du Premier Secrétaire de l’Ambassade anglaise, avait été expédiée à Londres, habillée en homme, avec le passeport du premier drogman. Il savait aussi que les Pétroles Narbonnais, sous la rude poigne de Séphardi, reprenait du poil de la bête. On disait, en Bourse, que dans un an les plus hauts cours du temps de Mexme seraient retrouvés.

Et pourtant il y avait eu cinquante millions de destructions, dont douze bateaux-citernes incendiés — on le savait — par des agitateurs subsidiés. Des puits avaient été dynamités par des spécialistes venus d’Amérique et la destruction méthodique des bâtiments s’était réalisée militairement. On sentait là une main de concurrent. Pour se relever il fallait que l’affaire fût bonne…

Au demeurant le public n’y croyait plus et la