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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/190

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ENTRE DEUX CARESSES

Mexme ne put dormir cette nuit-là. Il avait un souci indéfinissable et sa nervosité devenait excessive. Il resta à contempler le fleuve sous une lune écornée. Son compagnon ronflait magnifiquement. L’aube commença de naître. C’était l’heure…

Ils grimpèrent tous deux sur le frêle soutien, cherchèrent leurs places respectives, attachèrent les pagaies devant eux et avec de longues perches se déhalèrent du bord. La nuit n’était pas encore levée et l’on voyait tout juste la rive d’en face.

Les voilà déjà dans le courant. Le radeau tourne. Mexme, de sa perche, est toujours en contact avec le fond du fleuve et pousse violemment. À chaque impulsion ils avancent droit et ils ont atteint un tiers du Maroni sans presque se laisser entraîner.

Mais là le courant irrésistible les empoigne et ils le suivent de force…

— Allons, remue-toi, dit Mexme, fébrile, qui craint les embuscades.

— J’en ai plein les bras ! dit l’autre mollement.

On ne trouve plus le fond. L’ancien banquier pagaye avec une énergie féroce.

Le radeau gagne doucement vers la Hollande mais il a descendu de trois cents mètres.

— Allons… Allons.

Mexme lutte comme un damné. La rive vient à lui. Il s’accroche à sa pagaie et la brise net comme ils touchent une sorte de rideau feuillu qui cède sous l’effort des deux évadés et les reçoit parmi