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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/189

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ENTRE DEUX CARESSES

sans se cacher, ou qui l’a déjà mis à l’eau. Au premier cas un tireur infaillible le couchera sur son labeur de délivrance ; au second, il sera surveillé de quelque calanque bien choisie. Lorsqu’il apparaîtra sur son embarcation de hasard, tentant la traversée du grand Maroni, une balle mettra fin à ses aventures.

La barque descend… descend. Mexme grimpe sur un arbre pour suivre sa marche mais elle tourne à plus d’un kilomètre de là et continue. Bon voyage !…

Un peu plus tard c’est un train de pirogues chargées de balata qui s’en va toujours mené par des noirs paisibles… Enfin le soir une embarcation frôle la rive. Deux blancs l’habitent, deux Anglais à face de hargne, parfaitement équipés, qui surveillent avec soin l’aval. Revolvers à la ceinture, couteaux à bœufs sur le ventre, fusils couchés au mitan du bateau, ils sont prêts à tout. Il sera bon, pense Mexme, que le chercheur d’or enrichi ne laisse pas couper sa route par ces aventuriers.

Mexme et son compagnon trouvent enfin des branches longues et de grosseur égale. Ils les lient en un bloc plat sur lequel ils placent un autre plancher transversal. Ils lient encore le tout avec des cordes et des lianes. Le soir venu, ils mettent cette embarcation à l’eau. Mexme qui comprend quelle importance possède ce radeau, clé de l’avenir, l’essaie pour l’équilibre et la résistance à l’avancée. Ensuite il se met à tailler des pagaies avec le sabre d’abatis.