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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/32

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ENTRE DEUX CARESSES

Et pour canaliser l’éloquence de Boutrol, il se décida à parler net :

— Nous utilisons votre frère et vous, c’est entendu. Nous le faisons d’ailleurs largement et sans marchander, mais, du premier coup, je vais à la limite de ce que nous consentons, et encore je n’ai pas l’approbation de Séphardi.

— Dites toujours provisoirement, dit Boutrol.

— Voici : Pour vous le titre d’administrateur-délégué. Vous confierez illico tous vos pouvoirs à un administrateur-délégué-adjoint de notre choix. Pour ce, quatre cent mille par an tant que votre frère sera ministre. La moitié s’il tombe. Deux millions en espèces pour lui et cinq cent mille pour vous. Mais il nous faudra de lui des engagements signés, que Séphardi a dû établir, et dont copie vous sera donnée. Nous verserons par mensualités de cent mille.

Boutrol s’écria :

— Quatre millions, pas un sou de moins ! Mon frère ne marche pas à moins.

Séphardi cingla, la voix aigre :

— Mexme exagère déjà. Je consens aux sacrifices qu’il vient d’énumérer mais il nous faut des garanties. Si vous refusez, demain je fais interpeller par Giroy et nous coulons le ministère. J’aurai le nouveau ministre pour trois cent mille.

Boutrol blêmit. Giroy, le fameux ennemi du ministre, possédait des documents si compromettants que son seul nom mettait en fuite les partisans de Boutrol aîné. Il monnayait ainsi ses