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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/59

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ENTRE DEUX CARESSES

— Nous sommes bien loin de notre pauvre société, où l’amour, qu’il soit ceci ou cela, n’en apparaît pas moins une donnée exclusivement morale et même économique.

Barleigne parlait ironiquement.

… Ainsi nous le connaissons mieux, nous, législateurs, ou du moins de plus près, que ne font vos transcendances.

Georges Mexme approuva :

— Nous nous sommes laissés entraîner dans des nuées. L’amour c’est une valeur sociale.

Jeanne Mexme dit :

— L’amour marital, peut-être ?

Mexme hocha la tête :

— Le reste, ce ne sont que des jeux d’épidermes.

Barleigne reprit :

— Le plus curieux est qu’ici la thèse métaphysique tombe et disparaît. Car il y a des époux qui s’aiment sans nul désir.

— Oh ! oh ! dit Sophie de Livromes. En connaissez-vous aussi qui se trompent par affection ?

— Évidemment !

— C’est un adultère qui devient alors la forme parfaite de fidélité. Quel paradoxe !

Jeanne Mexme dit :

— Cela va de soi. Le mariage est une union d’intérêts. Or il est facile de concevoir des circonstances où l’intérêt soit en opposition avec la satisfaction du désir.

— Voyons ?