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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/98

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ENTRE DEUX CARESSES

refuserait, car pour contrôler une épouse, votre égale au fond, il faut que l’époux sache au moins garantir son destin contre les caprices de la fortune.

Telle était la pensée de Jeanne Mexme. Femme amoureuse et amante de son mari, mais esprit critique et réfléchi avant tout.

Georges Mexme avait mélangé, sans trouver leur parfait dosage, les préjugés de l’époux de notre race, un rien mesquin et étroit de cœur, avec la hardiesse sportive anglo-saxonne que d’ailleurs il ne cultivait qu’en affaires et non point en morale. Il ne se sentait pas aimé comme il l’eût voulu, c’est-à-dire avec la passion cline qu’apporte une religieuse prosternée devant son Dieu. Ainsi les époux tendaient donc tous deux à se séparer. Mais les liens de la chair, quoique ils ne fussent pas, comme en certaines unions, tendus à craquer, constituaient une force encore supérieure aux tendances de dissolution, et il y avait en sus, pour les consolider, l’habitude, la vie quotidienne et le laisser-aller humains.

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À toutes les questions posées par sa femme, ce soir-là, le banquier excédé répondit assez mal parce que des soucis graves pesaient sur lui. Il ne voulait pas les avouer, car c’était aussi avouer que le poids des responsabilités assumées lui pesait aux épaules. Il sentait que son devoir eût été d’introduire dans l’affaire certains amis de Séphardi, comme cet Ottsberg que son associé