Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Mais elle ne me répond rien et gémit :

— Enfoncer ma porte ! Ils vont m’enfoncer…

Je sens que je n’ai aucune prise sur elle. Je me tourne. La porte en bas, fait ventre. Je devine les trois genoux qui pèsent.

Une arme ?… Je cherche sur les murs… mais…

À droite il y a une fenêtre où le noir de la nuit apparaît.

J’y saute. J’ouvre avec brutalité le cadre qui porte deux vitres fêlées. Quelque chose s’accroche et résiste. Je tire sans m’y arrêter. Derrière moi, au milieu du bruit, des chocs sur la porte, j’entends un glapissement de la femme. J’ai dû déchirer… je n’ai jamais su quoi.

Je regarde. C’est la rue obscure et silencieuse. À vingt mètres, la clarté sortie d’une fenêtre de rez-de-chaussée allonge un rectangle doré sur le sol. Cela me sert de repère. Je vois clairement que je puis sauter.

Sans hésiter je jette la serviette et me hisse sur l’appui. Je veux aller si vite que mes jupes se prennent je ne sais où et que je reste un instant, une jambe passée par-dessus la barre, retroussée jusqu’au ventre. Je me penche en arrière et décroche l’ourlet pris à un clou.

Je passe l’autre jambe. Me voici penchée sur le vide. Je me retourne, car je ne puis sauter ainsi de quatre mètres sans risquer de me tuer et, cramponnée à la barre d’appui, je laisse glisser le reste du corps jusqu’à la limite d’étirement des bras. Mais tout ne se fait pas comme je voudrais. Je suis si prompte que de nouveau ma jupe se prend. Je sens qu’elle remonte sur mon dos à mesure que je descend. Si je lâche tout, je cours risque de la laisser accrochée ici et de me trouver dehors à demi-nue. D’un violent effort je me remonte. Je cherche à me maintenir par le bras gauche replié. Je crois que c’est là un des exercices