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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

du haut d’une tour de quarante mètres. Il me reçut et confabula très volontiers avec moi. Je constatai que pour lui, en effet, on était coupable selon le degré d’élévation que l’on avait atteint dans la société. Ce n’était pas bête.

— En somme les hommes qui font la chasse aux pucelles dans le but unique de les salir et de satisfaire un vieil instinct pervers de destruction devraient être lourdement punis, d’autant plus qu’ils sont d’apparence plus digne.

— Certainement ! La moitié des suicides de femmes a cela comme point de départ : la tromperie du premier séducteur. Et vous savez, il s’en tue dans une ville comme Paris. Vous n’avez pas idée…

— Il est certain que le fait d’être trompés quand ils se marient, ou d’être cocus après est un châtiment insuffisant pour les don-juan de seconde zone.

— Mais, toutefois, comment faire ?

— Ah ! nous nous butons toujours au même obstacle. On maintient l’impunité des satyres et déflorateurs, et cela se fait en tenant les questions sexuelles dans l’ombre. On ne saurait donc se livrer à des enquêtes judiciaires et constituer des dossiers sur cette matière estimée honteuse. La magistrature, où les huguenots sont si nombreux, s’y refuserait. C’est très habile. La tranquillité de ces sales individus que sont les salisseurs de vierges est maintenue hypocritement par cette voie détournée. Tout se tenait dans ces sociétés que nous avons vu crouler et qui, si les hommes se relèvent un jour, seront d’ailleurs remplacées par leurs sœurs jumelles. Il faut, pour faire régner deux sous de justice, non pas améliorer des articles du code, non pas faire les prédicants, mais imposer des principes nouveaux d’où la justice vraie se déduise seule. Que la sexualité cesse d’être une chose