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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

entrer dans n’importe quel théâtre, subventionné ou pas, au titre de « star ». Je lui ris au nez, car je n’ai pas la vocation des planches. Alors il me proposa un système de mariage qu’il a inventé.

— Comment, il a inventé un mariage ? Mais il est plus grand que Moïse et Napoléon ensemble…

— Parfaitement, un mariage sous seing privé. Vous passez ensemble une série d’engagements dûment couchés sur papier timbré par un légiste chargé de mettre ça en termes de droit, et vous faites enregistrer. Vous avez alors un papier qui porte des signatures administratives et le prix de l’enregistrement « décimes compris ». Vous voilà parée et mariée. Le divorce se fait par un acte de même farine. Plus besoin des maires avec leurs banderoles abdominables et trichromes ; plus besoin même du pasteur protestant qui, dans Albion, fait une paire d’époux, moyennant trois shellings, de deux personnes qui ne se connaissaient pas une heure plus tôt et ne savent pas leurs noms respectifs. Vous vous mariez avec deux feuilles à vingt-quatre sous, chacun la sienne. Tamerlan est un grand homme…

— Et notez bien qu’il ne faut pas en rire. C’est une trouvaille de génie. Ce qui fait la force du mariage, c’est la combinaison d’intérêts, le problème financier qui le stabilise sous tous régimes légaux.

Or, avec le mariage Tamerlan, sans témoins ni maire, vous pouvez plaider comme sur un contrat dit de mariage. Les termes de cette combinaison sont parfaitement obligatoires et décisifs. Vous prenez des engagements parallèles, et, en cas de non exécution, la loi protège celui qui est lésé.

— Vous emballez pas mes petits enfants. Ça n’a encore jamais été plaidé, ce truc-là. On ne peut pas savoir ce que ça donnerait.