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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Moi je sais des juges qui entérineraient. Ce serait peut-être extraordinaire, mais j’en suis assuré.

— Pardon, Georges, on a parfaitement tenu pour légal à diverses reprises le divorce — des mariages ordinaires — constitué par un simple acte sous seing privé, enregistré et ayant cent vingt jours d’exécution.

— Bref, ce qui est tout à fait acquis à défaut des systèmes maritaux de Tamerlan, c’est que je ne me suis pas laissée épouser par ce ministre novateur. Il m’a poursuivie trois mois durant avec une passion de fauve affamé. Je lui demandai finalement de renoncer à son nom de Tamerlan qui m’agaçait. Je le priai de s’amputer du Ta et de se faire appeler désormais Merlan. Il fut furieux. Nous eûmes encore une autre histoire que connaît Yva. Il m’a fait depuis une renommée de saphiste qu’il justifie ainsi :

« Qu’est-ce que vous voulez. Elle a été élevée au couvent, alors elle n’aime pas les hommes. »

Car il était férocement anticlérical. Toutefois il plaidait pour la plupart des entreprises catholiques de France : Le Curaçao des Frères Jacobins, le Cacao Saint-Athanase et le fameux Jerusa, le Quinquina à l’eau du Jourdain.

— Je crois que nous perdons depuis une heure le fil de nos émois avec une obstination déplorable. Laissez maintenant Hérodiade suivre son histoire ?

— Donc, ce qui va vous être conté, je vous en avertis n’est pas une affaire de viol…

— Je pense bien que tout le monde ici n’a pas été violé ou quasi. Trois c’est beaucoup.

— Je ne mettrais pas ma main au feu qu’il n’y en a pas d’autre. Mais cette émotion est en mon souvenir beaucoup plus aiguë que tout autre.