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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Cela va de soi. On n’est pas goinfre pour entrer à quatre heures dans une pâtisserie manger trois gâteaux. On n’est pas ivrogne pour boire volontiers un verre de cognac ou de chartreuse. Serait-on vicieuse quand on satisfait sans y attacher plus de valeur morale ou intellectuelle, un autre prurit… On peut dire franchement que l’importance de l’impulsion subie s’accroît par la seule importance donnée à la volonté de résister.

— Oui ! le vice est là seulement.

— Absolument ! Le vice c’est d’être en bataille avec soi-même. Quand on est de santé normale, de bon équilibre, sensible, et de cerveau clair, ces désirs sont rares et sans action sur le moi pensant.

— Il reste à savoir si les inhibitions coutumières, qui, en somme, n’arrêtent point une femme disposant d’une personnalité appuyée, et armée dans la vie, ne sont pas nécessaire pour la masse amorphe. En ce peuple dépourvu de volonté ne faudrait-il pas craindre que la doctrine de liberté totale ne mène à des excès ?

— C’est probable aujourd’hui, après des siècles de l’autre contrainte. On ne peut pas comprimer pendant des durées géologiques un sentiment qui fait ressort pour le laisser se détendre en un jour. Mais, enfin, dites-moi si l’étude de la civilisation ancienne des Grecs donne idée de ces désordres mentaux qui ornent notre littérature ?

— Sincèrement il me semble qu’oui…

— S’il vous plaît. Croyez vous qu’à Athènes on tuait autant par amour — ou ce qui en tient lieu — qu’à Paris ces ans passés. Pensez vous que le délire de sentimentalité, qui pousse tant de jeunes filles à des folies stupides, fut connu sous Périclès.

Quelles folies ?

— Un exemple : Il meurt trois cent mille tuberculeux en France par an. Les femmes comptant pour les sept dixièmes. Eh bien, je vais vous