Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

dire une chose qui n’a jamais été vue par savant ni psychologue : La moitié de ces tuberculoses sont des suicides…

Oui. Il y a deux cent mille jeunes filles ayant — c’est le propre de notre éducation — des soucis d’amour vers dix-sept ans. Sentimentalités, songes et chimères, évocations de beaux cavaliers, querelles avec les parents, etc… etc… Vous devinez ? Alors la jeune fille qui connaît les beaux secrets, désolée, cherche un appel à la mort élégant et passif. Il en est un traditionnel : elle se met nue, ou à demi, dans un courant d’air ou à une fenêtre la nuit. Il y a mille méthodes. Elle fait enfin ce qui permet d’attraper un rhume, parfois une bronchite, parfois pire… Et le tour est joué. Il en meurt comme ça, pour ça, des centaines de mille ; mes petits. Et nul ne l’a jamais su. Moi, je le sais…

— C’est extrêmement curieux…

— Ah ! nous y viendrons à admettre que la liberté grecque n’enfantait pas les désordres mentaux que crée notre sentimentalité amoureuse.

Car, la sentimentalité c’est la même chose que la nymphomanie. Le désordre mental à deux formes. Messaline ne diffère pas autant qu’on le croit de Sainte-Thérèse. Tout au moins en leurs images. Car, je crois Messaline plus chaste et la moniale d’Avila moins, que l’histoire ne l’a dit. Mais le certain est que l’idée des désirs féminins toujours irrésistibles et inapaisables, est une blague. D’autre part, la salacité de l’homme est d’une virulence extrême… Mais je vais vous conter plutôt la nuit durant laquelle je fus le gibier chassé par le mâle.

— En effet. L’introduction constituée par cette petite discussion sans sanction nous prépare à goûter l’aventure que te révéla Paris cette nuit-là.