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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— J’étais alors parfaitement pure. Je connaissais bien des choses mais n’avais jamais voulu prendre place dans la ronde autour de l’Amour. J’avais dix-neuf ans et travaillais chez Antonio Rodriguez Moadillo, le gros marchand de la rue d’Hauteville. C’était une importante boîte d’exportation qui faisait de grosses affaires avec l’Amérique du Sud.

— Ce n’est pas sans amusement que nous entendons parler de ce temps-là l’amie qui tout à l’heure regrettait — à demi — qu’il n’y eut pas des maisons spéciales avec sans doute des hommes vérifiés et estampillés par la faculté pour…

— Ça existe…

— Tiens, Laly…

— Chut ! Chut…

— Mon père était mort quand j’avais quatre ans. Ma mère avec la dérisoire pension qu’on attribue aux veuves de fonctionnaires me fit suivre l’école jusqu’à quatorze ans. Elle tenta de me faire avoir une bourse pour continuer et obtenir les brevets. Mais ce fut impossible parce que je refusai obstinément de m’asseoir sur les genoux du type venu chez nous à ce propos enquêter pour la Ville de Paris. Le dit avait envoyé ma mère acheter une feuille de papier timbré. Il était seul avec moi… Mais je sus rester loin de lui jusqu’au retour de la brave femme que son ingénuité ne mit à l’abri, d’ailleurs, ni des excès, ni des bêtises… Passons.

J’appris la dactylographie chez Underwood et sus être assez longtemps à l’abri des séductions qui s’exercent avec activité dans le milieu des apprenties dactylos. J’avais la chance d’être mal fagotée. Or, vous savez quelle importance le bas de soie et les vêtures bien coupées prennent dans la vie d’une useuse de claviers à écrire. En gagnant dans les quatre cent cinquante francs par mois, il faut, rien qu’en-dessous et autres ornements — à