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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

nous l’avons retrouvé tout à l’heure avec Hérodiade. C’est Bob Tamerlan.

Il est devenu ministre et il est de taille à tenter de se faire nommer président à vie. Je l’ai entendu parler de cela qu’il nommait en ricanant : l’Étape Royale.

Donc, je dirigeais ma barque entre ces trois récifs. Aucun n’avait eu de moi plus que des baisers sur le front. Encore fallait-il de grandes circonstances pour que j’y consentisse.

Un jour Tamerlan m’emprunta cent francs et m’en rendit cent soixante le lendemain. Il était à ce point de vue honnête. Mais il ne suffisait pas d’être honnête avec moi qui vivais si serré ; je possédais juste la ressource indispensable et ne pouvais distraire un centime de mon faible budget. Je m’étais promise de ne plus risquer ainsi. D’ailleurs, j’ignorais les combinaisons secrètes de Tamerlan. Il n’expliquait rien. Je demeurais dans une chambre meublée de la rue du Château d’Eau et payais d’avance. Cent cinquante francs par mois. L’échéance de ma chambre ne coïncidait pas avec la mensualité. Elle venait dix jours plus tôt, de sorte que les dix jours étaient toujours durs à passer. Un matin, Tamerlan me vint voir à ma sortie du bureau. Il lui fallait cent cinquante francs pour quarante-huit heures. J’avais juste cette somme destinée à l’hôtelier. Je le lui dis ; car il m’était indispensable de payer le surlendemain. J’avais bien crédit dans le petit restaurant en face de chez Moadillo ; mais, pour ma chambre, les tenanciers de la boîte étaient d’une dureté incroyable. Ils avaient fichu à la porte du jour au lendemain un locataire qui était là depuis dix ans.

Tamerlan me dit jouer sa vie dans cette affaire et qu’il lui fallait l’argent. Mais il me promit sur les choses les plus sacrées et avec les serments les plus certains de me rendre les cent cinquante