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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

francs le surlendemain à cinq heures, doublés sans doute. Il viendrait me les porter au bureau. Il me suppliait tellement que je consentis…

En moi-même je songeais que peut-être mes deux autres amoureux me rendraient service, d’occasion, si c’était utile.

Je dois vous redire que je n’avais eu aucune relation — au sens qu’on donne à la formule « avoir des relations » avec ces trois hommes. Je pensais donc disposer d’un certain moyen d’action sur eux.

Le lendemain se passa sans incident. Agapias m’offrit à déjeuner chez Poccardi. Ligenne était parti en voyage. Le dernier jour naquît. Je revis à neuf heures Tamerlan fiévreux et hérissé, venu me dire de compter sur mon argent pour le soir. Quand j’étais sortie le matin, la femme de l’hôtelier m’arrêtait : Mademoiselle, c’est aujourd’hui qu’il faut payer. Je répondis : Ce soir, ce sera fait.

J’étais en train de copier des factures lorsque cinq heures sonnèrent chez Moadillo. Tamerlan n’apparut pas. Il était pourtant exact d’habitude et entrait comme chez lui. Je n’avais d’ailleurs aucun doute sur sa loyauté.

Six heures vinrent. Nous sortîmes du bureau. Je le croyait à m’attendre dehors. Il n’y avait personne.

Tamerlan demeurait rue Notre Dame de Lorette. J’y courus. Le concierge me dit qu’il n’était pas rentré la veille et semblait immensément tourmenté auparavant. Je l’avais vu le matin sans rien savoir de ce tourment. Que signifiait cela ?

Je me trouvais dominée par une inquiétude désolée qui me mettait les larmes aux yeux dans la rue même. Je me sentais si coupable d’avoir risqué cet argent deux jours avant une échéance dure et sans pitié ! Je me serais frappée de rage et de peine. Je ne pus dîner. Je me dirigeai, horrifiée, vers mon hôtel. Il parut du dehors que je