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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

pourrais me faufiler sans être vue. J’attrapai ma clef au passage et me coulai dans l’escalier. Deux minutes après j’étais chez moi. Je me jetai sur le canapé avec des soupirs de joie. J’étais sauvée. Le lendemain, si Tamerlan n’était pas là, Moadillo m’avancerait le prix de ma chambre sur mon mois. Après, on verrait à boucher le trou et à ne pas rebiffer. Mais je gardais confiance et je commençais à regretter de n’avoir pas dîné.

Le temps passa ; je lus des journaux. Chose curieuse, je ne me couchais pas. Je ne sais quoi me retenait de le faire. J’étais ainsi inspirée par la sottise comme vous allez voir.

Il était onze heures lorsque j’entendis pousser ma porte. Je ne dis rien puisqu’on ne parlait pas. Mais soudain, sans doute avec des clefs doubles, puisque j’avais moi-même fermé soigneusement, on ouvrit…

C’était le garçon de l’hôtel. Il parut enchanté de me voir tout habillée et dit :

« Ah ! vous avez de la chance. On veut vous faire de nouvelles conditions pour la location de votre chambre. Descendez donc au bureau. »

Je dis : Demain matin, oui, pour l’instant je vais me coucher.

Il haussa les épaules :

— Les patrons sont très bien disposés pour vous. Descendez donc. Vous êtes chez vous ici et vous n’avez rien à craindre. Si vous ne venez pas, lui va monter et il vous engueulera. Vous savez, il est brutal quand on le force à venir en personne.

Fallait-il que je fusse ahurie. Je consentis à descendre au bureau avec le garçon, moi qui étais si bien alors près de mon lit avec mes affaires autour de moi et garantie par toutes les lois contre les propriétaires trop cupides. Arrivée au rez-de-chaussée, je vis qu’il n’y avait personne. Un pres-