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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

mais chaque geste semble me désarticuler les épaules.

— Ah ! Ah ! la Sainte-Nitouche, cette fois tu y es. Rien à faire. J’ai pratiqué la lutte et les poids.

Il écoute les rues voisines, puis reprend :

— Tiens là, sur la marche qui fait renfoncement, si tu veux. Et je te lâche

Je tente encore de m’échapper.

Alors, furieux, il relève ma jupe et me pince violemment.

Il a abandonné, pour ce faire, sa prise du thorax. Je me replie alors au sol. J’échappe à son geste et ne suis plus tenue que par le poignet. Je tire… Je m’arcboute du pied à la façade pour tirer plus fort…

L’homme ne lâche pas, mais il chancelle. Je me tord et lui tord le bras. Je crois que tout casse entre ma main et mon épaule, et puis… je suis libre…

D’un pied prompt je me jette devant moi au hasard et m’enfuis par la rue Taitbout.

Je cours… je cours… Puis je lève vers le ciel un regard étonné.

Mais… Mais, c’est vrai… La pluie a cessé…

Bientôt je me trouve rue d’Aumale. La traversée de la rue Saint-Lazare n’a pas été sans danger. Trois passants se sont successivement arrêtés pour me suivre de l’œil. Passants de quel genre ? Je ne sais. Me voici rue Fontaine maintenant. À mon passage sortent de la rue Laferrière des femmes par trois ou quatre, parlant haut et presque toutes en cheveux comme moi. Je sais la rue Laferrière une des suburres parisiennes. C’est le personnel des maisons dites de rendez-vous, mais auxquelles convient un nom moins pompeux, qui regagne ses pénates.

Là-haut, place Pigalle, c’est la noce nocturne. Il doit être trois heures du matin. Je ne veux pas,