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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

une sorte de mélancolie dans le port de tête, m’arrête du bras :

— Où allez-vous donc si vite ? Pas besoin de tant se presser pour se rendre au devant de rien, allez !

Je le regarde et je souris.

— Pressée ? me dit-il.

Je fais non de la tête.

— Alors cinq minutes de compagnie avec moi. Nous en serons heureux tous deux. Du moins, je l’espère pour vous. Pour moi c’est garanti.

Je réponds :

— Allons-y, de cinq minutes.

— Ici ? sourit l’autre.

— Où, alors ?

— Pas en balade non plus, hein ! Moi, je veux bien traîner encore où vous voudrez, mais je crois que vous avez marre de le faire.

Je dis :

— Ça se voit donc ?

— Autant comme on doit voir que je m’embêtais à mort avant de vous rencontrer.

— Que n’êtes-vous couché ? Dormant, vous vous embêteriez moins.

— Couché… Non ! je m’embête encore plus au lit. Et puis je ne vous aurais pas vue…

— Il y a pourtant de quoi le meubler, votre lit, autour de nous.

Et je désigne le quartier, les hôtels, les mastroquets, les femmes… les éphèbes…

— Oh ! il est meublé, ma petite, craignez rien. Et, soit dit sans vous vexer, par une femme qui est aussi belle que vous. Elle l’est même trop. Ça lasse…

Je crois que c’est la plus belle fille de Paris. Mais que voulez vous, elle me rase… elle me rase…

Je reste ahurie à regarder cet homme curieux.