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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Quand j’eus fini, il resta cinq minutes la tête entre les mains.

Enfin il murmura :

— Qui sait si combattre avec tant d’énergie vous servira ou vous accablera ? Vous êtes faite pour les épreuves. On garde chance de succomber quand on les provoque. Et on les provoque de ce fait qu’on les vainc. C’est difficile la vie ! Vous ne serez pas toujours vierge et il eut peut-être mieux valu que cette nuit vous accablât que de vous donner cet orgueil qui luit en vos yeux et cette leçon d’inutile volonté… Petite, je vais vous donner ce que Tamerlan vous doit. Je le connais. Vous allez rentrer chez vous. Ah, Tamerlan, c’est un terrible lutteur. Il réussira, le rapace. Malheureusement pour la société d’ailleurs. Elle sera entre ses mains d’ambitieux et de jouisseur ce que Lisa Damanian est entre les miennes. Mais moi, par chance, je n’ai aucune vanité. Mes aïeux ont épuisé les vanités possibles. Ils ont été riches, plus nobles que le roi, possesseurs de territoires grands comme un pays, ils ont été Papes — l’un du moins — il y en [a] même eu de guillotinés. Quel orgueil voulez-vous qu’il reste à acquérir ?

Tamerlan désire tout. Il sera terrible. Tant pis. Ayez confiance en lui pour les choses d’argent. Jamais pour d’autres.

Il se leva et me remit un papier bouchonné.

— Prenez, enfant. Je ne veux pas même savoir votre nom. J’aimerais seulement que nous nous retrouvions dans quelque aventure du même genre que celle-ci, en plus difficile s’entend, mais pittoresque également et violente au besoin, ou mortelle. Je voudrais surtout que les rôles fussent changés et qu’il vous soit permis de m’être utile. Vous avez peu de chance de voir un tel évènement