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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

grandes ressources en beaux actes, pourvu que ce soit de la folie agitée…

— Oui, en somme, les chimistes, depuis qu’il existe une chimie rationnelle, n’ont pas fait le quart des découvertes que réalisèrent les fous qui poursuivaient la pierre philosophale et l’élixir de longue vie.

— La vie ne vaut que par l’imprévu et là où tout peut se calculer, il est vain de chercher du pittoresque. Dans la situation d’Yva agir paradoxalement était donc logique.

— Ça va loin ces théories-là, vous savez…

— Basta ! nous sommes là pour remuer des idées qui ne soient pas fatiguées. Qui donc, tout de même, découvrirait dans l’Yva, fuyant le contact des hommes, celle qui aujourd’hui nous réclame d’après Camille Mauclair, et dans un temps où il n’y a plus rien du tout, d’ailleurs, des lupanars à l’usage féminin.

— Je n’ai rien réclamé pour moi, vous savez, mais seulement pour les femmes honteuses qui n’oseraient pas se laisser prendre par le premier venu ou qui, au contraire, craindraient les risques de se laisser pousser par une sensibilité exigeante entre des bras mal choisis. Mais, de toute certitude, ce sont des idées rétrospectives.

— À moins que dans ce moment, car voici quelques temps que nous n’avons de nouvelles du dehors, il n’y ait une transformation…

— Laquelle Jacques ?

— Mon petit, il est vain de calculer dans un milliard de suppositions celle qui vous concernerait d’aventure. Il y a un retour au chaos dans les âmes depuis un an. Ce retour affecta d’abord des formes pratiques puis impraticables, comme il convenait