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— Et moi ? répondit simplement Zine en mettant à nu sa démonstration.

— De fait ! dit l’atelier d’une seule voix.

Et Zine, triomphante, reprit :

— C’est si réussi même que je ne rentre plus chez nous. Elle me court trop, ma maternelle. Il a fallu qu’elle me fasse fiche par terre en me collant son balai dans les pattes pour réussir ce coup-là, mais c’est marre. Je mets les bouts.

— Et où vas-tu aller ? demanda une arpète, éblouie de tant d’audace.

— Je ne sais pas. On verra, Je suis assez grande pour gagner ma croûte.

— Et comment feras-tu ? Ici tout le jour pour trois francs.

Zine cligna de l’œil avec un rire canaille. Elle défaisait justement une banane que venait de lui offrir sa voisine d’atelier, une blonde timide nommée Rose. Alors, avec moquerie, elle prit le bout de la banane dans sa bouche, puis la fit aller et venir avec des mines gourmandes.

— Mince ! dit admirativement la petite brune. Tu as du fiel…


III

Zine se pose là

Il était six heures et demie lorsque l’atelier se dispersa. Zine pria deux de ses amies de l’attendre et qu’on allait rigoler. Ensuite elle alla supplier à la caisse pour qu’on lui fît une petite avance à cause de son père qui était malade et des remèdes qu’il lui fallait acheter avant de rentrer.