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— Je m’en fous, ricana Zine. Pour voir, quand vous m’avez arrêtée sur la rampe, vous en avez bien assez vu.

Et elle se sauva en riant à faire retourner les passants.

Elle arriva à l’atelier pleine de bonne humeur. Trouver cent sous comme ça à tous les coins de rue, avec des hommes qui n’obtiendraient rien plus qu’une gentille grimace quel bonheur cela pourrait être ! Et, pensait Zine, ça doit être possible. Car le journaliste est on ne peut plus dessalé. Or, la majorité des hommes sont des poires, donc plus faciles à arranger que ce mariolle, Elle venait pourtant de le posséder de cent sous…

L’atelier était en révolution.

— Qu’est-ce qu’il y à ? demanda Zine.

— Tu sais, dit une petite brune aux yeux creux et aux airs amoureux, Agathe avait juré de se faire donner une fessée plus forte que nous toutes. Eh bien, ça été plus fort encore, son père, qui était saoul furieux de ce qu’elle le charriait, l’a assommée tout à fait.

— Mince ! glapit Zine attentive. On va se cotiser pour une couronne.

— Bien sûr !

— Mais aujourd’hui, qui est-ce qui a le prix ?

— C’est moi, dit la petite brune.

— Fais voir.

Elle regarda.

— Ça, remarqua-t-elle, je parierais que ce n’est pas une baffre.

— Qu’est-ce que c’est ? demandèrent les / autres fillettes curieuses.

Zine, importante, reprit :

— C’est son amant qui a voulu lui donner une fessée à l’esbrouffe, pour nous en mettre plein la vue. Mais ça l’a réjoui…

La brune aux airs amoureux, cria :

— Dites donc, on n’est pas obligée de fournir des explications, ou alors je ne marche plus. On juge sur pièces et c’est tout. Oui ou non, est-ce que je suis fadée ?