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habituel chez les humains). Mais il pourrait, par une voie différente, rencontrer les mêmes résultats. Au surplus, pour un amateur de paradoxes lascifs, qu’y a-t-il de plus excitant que de voir une fillette encore pure (était-ce bien certain ?) s’exprimer avec une liberté de matrulle ?

Et notre excellent vieillard trouva dans cette idée la douche écossaise spirituelle indispensable à sa mise en action.

Reconnaissons, au surplus, après justification, que cette novation ne fut pas heureuse. Ayant quitté le restaurant avec sa petite compagne, l’homme la mena dans une maison discrète et hospitalière où il tenta de prouver que l’âge ne l’affaiblissait pas autant qu’il pouvait sembler. Devant Zine, nue et moqueuse, il s’efforça vers la dignité, eût-elle été d’emprunt, qui se déroba, malheureusement.

Zine n’était pas si enthousiaste de cette physique amoureuse qu’elle y apportât spontanément une aide autre que son joli corps. Cela s’attesta insuffisant.

Furieux, le vénérable gaillard dit :

— Décidément, tu n’es bonne à rien.

— Merci ! dit Zine, moi, d’autres me trouveront bonne à quelque amusement, mais vous, je crains qu’on ne vous trouve guère bon qu’à casquer.

Et, rhabillée vite, elle se sauva en riant.


VII

La violence

Zine courut tout d’un trait chez elle porter les trois billets de cent francs qu’elle venait de conquérir de haute lutte et sans rien abandonner d’elle que des broutilles. Son bonheur était à l’apogée. Comment, c’était si facile que cela l’existence d’une femme qui vit d’elle-même, ou