Page:Renee Dunan Une môme dessalée 1927.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 36 —

du groom. Lui, pour ne pas être en reste, glissa une dextre naïve sous la jupe trop courte de Zine. Elle lui pinça l’oreille, il fit de même en un autre lieu. Elle lui donna sa bouche et il ne voulut point se trouver en reste d’offrande, de telle sorte que presque sans en avoir eu conscience, ils se découvrirent mieux qu’amants…

Comme beaucoup de tout petits hommes, le groom était ardent. Zine se lassait désormais des mièvreries de James Wand qui l’avaient tant réjouie au début de leur liaison. Elle trouva donc que le jeune porteur de correspondances pressées était exquis dans l’intimité et voulut goûter à nouveau de son désir. Il fit face aux événements avec simplicité, mais sa dignité incontestable enthousiasma la douce Zine que la destinée n’avait pas encore pourvue d’amants aux énergies très renouvelées.

Enfin, ils se séparèrent, fort satisfaits l’un de l’autre et, de ce jour, se retrouvèrent souvent, aux heures favorables, pour se divertir galamment.

Ainsi, les jours passaient. Zine eut encore à succomber devant un nègre joueur de banjo. Cette conquête qui eût dû l’humilier, l’émerveilla fort au contraire. L’homme de couleur était venu voir James Wand qu’il avait connu en Californie. Or, le Californien était sorti. Zine voulut bien converser avec l’autre. Elle fut si aimable avec lui qu’il put se croire provoqué à des élans de haute école et de particulière intimité.

Ainsi, Zine fut prise par un nègre. C’était un amoureux puissant et peu hâtif, comme les femmes de quelque expérience aiment à en trouver.

Il apprit à l’enfant qu’on peut avoir connu déjà diverses qualités d’amants et ignorer encore bien des arcanes de l’amour…