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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/128

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Une lutte sourde s’engagea entre Ratsimba et Ranarivelou : les habitants du village, amusés, en suivaient les péripéties et marquaient les coups ; le soir, dans les cases, aux lueurs vacillantes du foyer, on se livrait à d’interminables kabary ; on commentait les moindres faits et gestes de la Sainte-Marienne, du mari et de l’autre ; on supputait les chances de Ranarivelou, les hésitations de Bao, les ruses de Ratsimba. Les ramatous en général souhaitaient la chute : pourquoi cette Sainte-Marienne, qui faisait tant la fière, échapperait-elle seule au maître du village ? Les hommes au contraire et surtout les maris, faisaient des vœux pour Ratsimba : l’échec du trop galant Ranarivelou leur serait presque une vengeance.

Maintenant le gouverneur houve mettait un point d’honneur à triompher. La résistance de Bao compromettait son autorité ; il avait des accès de rage rancunière en pensant au milicien qui le bravait. Ratsimba menait autour de sa femme une garde vigilante. Il l’incitait à la vertu par des menaces terribles, et, pour plus de sûreté, ne la quittait guère. Était-il forcé, par ordre, de s’éloigner, quelque autre milicien, prévenu, arrivait avec sa ramatou, sous prétexte de visite, et veillait sur l’épouse du collègue. Lorsque, de grand matin, les miliciens faisaient tous l’exercice sur la place du village, Bao, docile aux injonctions de son seigneur et maître, venait