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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/130

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s’y intéressa, s’informa de l’enjeu : c’étaient deux poignées de vouandzou. Avec la mobilité d’esprit des Malgaches, il oublia ses cultures, et, les yeux fixés sur les lignes entrecroisées du fanourana, il suivit les péripéties de la lutte, par plaisir et aussi avec le secret espoir qu’il aurait part aux vouandzou. La partie se prolongeait. Lorsque enfin elle se termina, le perdant, l’air vexé, déclara qu’il n’avait pas de pistaches, et offrit deux sous au vainqueur, qui accepta. Ratsimba regardait la pièce que l’autre tournait entre ses doigts.

— Avia hilouka, dit le bourjane.

— Hilouka inouna ? demanda Ratsimba.

— Hilouka lavouamena.

— Entou[1].

Ils s’installèrent. Le milicien, à qui ses nombreux loisirs avaient permis d’approfondir les finesses du fanourana, jouait posément, sans se presser. Son adversaire paraissait méditer chaque coup, et traînait la partie en longueur. Déjà plus d’une demi-heure s’était écoulée ; la vic-toire ne se dessinait pas encore. Les deux autres bourjanes, accroupis près des joueurs, semblaient vivement intéressés.

Soudain le milicien sursauta. Le jeu lui avait fait tout oublier, Bao, sa jalousie, les entreprises du gouverneur, et les précautions incessantes pour sauvegarder

  1. — Viens jouer. — Jouer quoi ? — Jouer deux sous. — Oui.