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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/131

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l’honneur de la milice. Des visions funestes s’imposèrent à son imagination : Bao lui apparut aux bras de Ranarivelou. Il se dressa brusquement sur ses pieds, ne pensant plus ni à la partie, ni à l’enjeu, ni aux trois bourjanes. Mais eux ne l’entendaient point ainsi. Son partenaire le retint par le fourreau de sa baïonnette.

— Tu te sauves, parce que tu vas perdre.

— Non ! C’est ma femme ! j’ai laissé ma femme toute seule !

— Ta femme ! N’est-ce pas plutôt celle de Ranarivelou ?

— Tu mens ! Ce chien-cochon ne l’a pas touchée !

— Il n’y a que toi pour le croire, fils de voleur !

— Esclave, lâche-moi !

Et Ratsimba voulut se dégager pour courir au village. Mais l’autre tenait bon : ses camarades vinrent à la rescousse. En vain le milicien distribua quelques horions à droite et à gauche. On lui rendit trois coups pour un. Il reçut une magistrale raclée ; réduit à merci, couché au travers du chemin, tout souillé de poussière, il dut subir une demi-heure encore les plaisanteries de ses adversaires sur Ranarivelou et Bao. Fou de rage, il tentait de se relever, puis se résignait sous les bourrades. Enfin on le laissa partir : il courut d’un trait au village et trouva Bao en larmes ; elle lui conta, avec force réticences et hoquets, que le gouverneur était venu aussitôt