vivants au fond de la source claire, les petits rentrèrent tout effarés sans oser remplir leurs cruches. Le père feignit une extrême surprise et une grande peur.
— Hélas ! Quelle aventure extraordinaire ! C’est mauvais signe s’il y a des fiana dans la source ! Le Vazimba qui habite la grosse pierre près de l’eau est sûrement fâché contre nous. C’est lui qui, pour nous tenter, a suscité des poissons fady. Je vais tout de suite consulter le Sikidy.
Il décrocha de la cheville où elle était suspendue, dans le coin Nord-Est de la case, une natte souple en fibre de manarana, la développa, s’accroupit devant et tira de sa ceinture le sac de peau contenant les grains sacrés. Il les répandit tous à terre, les fruits rouges de l’arbre fanou, Maîtres de la Chance, et les baies noires de la liane fameloundindou, Mères des Destinées, et les graines jaunes du Katsaka, Annonciatrices des Paroles Anciennes. De ses doigts pieux il les remua doucement et souffla sur elles, pour les réveiller, en prononçant les mots d’usage.
— Réveille-toi, Sikidy ! Réveillez-vous, graines sacrées ! Vous n’avez pas d’yeux, pourtant vous voyez ; vous n’avez pas d’oreilles, pourtant vous entendez ; vous n’avez pas de bouche, pourtant vous parlez. Que lundi réveille mardi ! Que mardi réveille mercredi ! Que mercredi réveille jeudi ! Que jeudi réveille