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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/171

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accoucha de deux enfants jumeaux. Aucune sage-femme, aucune personne de la famille ne l’avait assistée. L’accouchement avait eu lieu quelques jours avant le moment attendu, une après-midi, pendant que son mari était aux rizières.

L’un des enfants, disait-elle, était fils du Zanahary qui habitait en son corps et lui donnait le pouvoir de rendre fécondes les femmes, tandis que l’autre avait été engendré par son mari. Personne du reste ne pouvait les voir, pas même l’époux de Raketaka ; elle proclamait que c’était fady ; en violant la défense du Zanahary, on s’exposerait à faire mourir les jumeaux. Personne non plus ne les entendait pleurer : elle avait tapissé d’une double épaisseur de nattes la pièce où elle s’était enfermée.

Le vingt-huitième jour, on se prépara, selon la coutume du pays, transmise par les aïeux, à faire sortir la mère avec ses deux enfants ; le village entier était en fête, car la bénédiction des ancêtres s’était manifestée par la naissance miraculeuse de deux jumeaux. Pour la cérémonie, le mari fit attacher deux bœufs noirs tachés de blanc au poteau du Sikafara. Mais, quand on ouvrit la porte de la case pour appeler Raketaka et la conduire en pompe à la grande Fourche-des-Offrandes, où devaient être sacrifiées les victimes, la femme annonça que son Zanahary venait d’enlever l’un des deux jumeaux. On