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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/204

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les bibelots, les objets de valeur, on ne laissa en place que les gros meubles et diverses petites horreurs achetées dans le pays. M. Lebrègeois ne regrettait qu’à moitié le phonographe : les disques en étaient fort usés ; d’ailleurs l’instrument appartenait au Fandzakana ; il avait été acheté au temps où il y avait un Résident de France, meublé par les Affaires Étrangères ; celles-ci font les choses, comme on sait, beaucoup plus grandement que les Colonies. L’administrateur en serait quitte pour faire sortir le phonographe de l’inventaire par une commission ad hoc ; le motif de la sortie serait on ne peut plus légitime, et le procès-verbal, véridique, conçu en ces termes : objet très usagé, offert sur sa demande au mpandzaka Impouinimerina, notre allié.

Le lendemain, il y eut déjeuner à la Résidence. Naturellement on n’avait invité personne, sauf l’administrateur adjoint. Sur la table, Mme Lebrègeois avait fait disposer la vaisselle des jours ordinaires ; même elle avait emprunté à l’hôtelier grec des couverts en fer battu.

— De cette façon, disait-elle rageusement à son mari, ton Impouinimerina pourra emporter l’argenterie.

Car elle ne décolérait pas, l’excellente Mme Lebrègeois. Tous ses instincts de bourgeoise provinciale étaient révoltés par ce barbare indiscret et mal odorant,