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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/205

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lâché dans son intérieur. M. Lebrègeois avait beau mettre en avant les raisons administratives, parler même de nécessités politiques : rien ne la calmait.

La première partie du déjeuner s’écoula sans incidents notables. Le mpandzaka était arrivé avec une paire de gants neufs, l’une des cent quarante-quatre, et n’avait jamais voulu les quitter. Il ignorait d’ailleurs ou dédaignait l’usage des fourchettes ; il mangea du poulet au Karry avec ses doigts, ou plutôt avec ses gants, pour le plus grand dommage de la nappe. Mais Mme Lebrègeois avait eu soin de mettre du vieux linge de table troué ; elle s’en moqua. Soudain Impouinimerina se mit à parler femmes. Il donna un souvenir ému à ses soixante-quatre épouses, se félicita que son frère de sang en eût distingué quelques-unes. Tout cela naturellement dit en langue malgache, à laquelle la bonne dame ne comprenait goutte. Pourtant M. l’Administrateur était inquiet : qui sait quelle fantaisie saugrenue allait passer par la tête de cet hôte bizarre ; on essaya de détourner la conversation. Mais le roi avait son idée de derrière la tête ; il l’exposa en deux mots.

— Ta vadibé[1] me plaît ; elle est grasse, elle a des cheveux comme de l’or, et une peau blanche comme

  1. Femme en premier, m. à m. grande épouse.