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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/237

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RANIRINA


Elle était la neuvième enfant, née un jour favorable au mois adaourou, d’un couple de pêcheurs betsimisaraka. Parce qu’elle était venue, petite fille, après huit garçons, on l’avait appelée Ranirina, la désirée. Son enfance heureuse s’était écoulée sans incidents notables dans le village paternel, au bord de la lagune. Dès cinq ou six ans, elle gardait les bœufs dans la prairie marécageuse bordée de pandanus ; avec une baguette épineuse arrachée à un hazoumbouay, elle empêchait ses bêtes de s’approcher de l’eau, car, certaines fois, des vaches qui voulaient boire avaient été saisies aux naseaux par le caïman. Ou bien, dans la pirogue montée par son père, elle allait le long des barrages de pêche, pour chasser les poissons dans les parcs et relever les grandes nasses de jonc tressé, en forme de cases. Elle prenait plaisir, quand la prison des poissons était amenée tout près du bord, à regarder la proie vivante frétiller dans la vase noire, avec des éclairs d’argent ; le père dénouait les liens de la porte,