ils semblaient n’avoir rien vu de leur vie, ils tournaient autour de toutes les cases, regardaient à l’intérieur, riaient des choses les plus simples, examinaient avec une curiosité fort impolie les hommes et les femmes Betsimisaraka. Puis ils se rembarquaient.
Les premiers temps, dès que la chaloupe était signalée, tout le monde se sauvait dans la brousse. Peu à peu, on s’habitua aux étrangers. Comme ils ne faisaient aucun mal, qu’ils achetaient des bananes et des ananas, on finit par rester dans les cases quand ils venaient. On s’enferma d’abord, puis on n’y fit plus aucune attention. Même Ranirina aimait leur présence, se sentant admirée et désirée par eux.
Elle réalisait maintenant toute la beauté de sa race : ses grands yeux, sous les cils épais, mettaient des blancheurs lumineuses dans le bronze de son teint ; les coques tirebouchonnées de sa chevelure, rehaussées sur les tempes de deux rosaces en accroche-cœur, encadraient merveilleusement son visage rieur, et lui donnaient une expression coquette et maniérée. Tout exagérait en elle la sexualité : les seins opulents et fermes, les hanches larges, la taille ronde, un peu courte, les lèvres sensuelles, les oreilles petites et charnues ; l’akandzou moulait sa jeune poitrine et tombait en plis raides jusqu’à ses pieds nus ; lorsqu’elle s’avançait en ramenant