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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/241

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sur l’épaule les plis harmonieux du lamba, ses reins cambrés donnaient à sa démarche une grâce voluptueuse.

Certains jours passaient sur la chaloupe des femmes betsimisaraka avec de beaux akandzou brodés, des lambas ornés de dessins multicolores, de larges chapeaux de paille attachés par des rubans de soie ; elles avaient aux poignets des bracelets d’argent et des perles aux oreilles : c’étaient des filles d’Andevourantou, pauvres naguère, devenues riches : elles avaient suivi à Tamatave des vazaha généreux ; de temps en temps elles revenaient faire un séjour dans leurs familles. Ranirina les voyait passer avec envie. Maintenant elle s’ennuyait dans son village. Chaque fois qu’arrivait la chaloupe, elle avait la nostalgie d’une vie inconnue, dont le mystère l’attirait. Quand le bateau sifflait, avant de repartir, elle fermait les yeux et assistait en pensée à son propre départ. Elle se voyait assise à l’arrière du Mahatsara, regardant les rives connues des lagunes, puis les bords inconnus des grands lacs, traversant des lacs encore, des lagunes et des canaux ; elle rêvait de Tamatave, l’immense village aux cases innombrables, bâties en bois, en pierre et en briques par les vazaha, avec une longue rue toute bordée de magasins, où les Indiens vendent des étoffes, des vêtements, des bijoux. Quand elle rouvrait les yeux, la chaloupe était