à pied quelquefois, des régions désertiques, vivant à la malgache, m’arrêtant avec mes hommes pour creuser des trous d’essai, dans les alluvions, le long des ruisseaux. J’avais planté çà et là des piquets, essayé de primitives exploitations. A trois reprises, j’avais établi un touby. J’habitais, comme mes Malgaches, une case en mottes de terre, recouverte de branchages et d’herbe sèche ; je vivais là-dedans, parmi des relents d’humus et de pourriture végétale ; je trouvais que ça sentait la mort. Un couvercle de caisse, monté sur quatre piquets, me servait de table, pour la pesée de l’or. Une Malgache, ramassée n’importe où, me faisait la cuisine et dormait avec moi.
J’avais mal choisi l’emplacement de mon premier touby ; j’y gagnais vingt ou trente francs par semaine, je dus l’abandonner. Je quittai le second sur un brancard porté par quatre hommes : j’avais une bilieuse hématurique ; je restai deux mois à l’hôpital d’Ambousitra. La troisième fois j’eus la veine de tomber sur une bonne alluvion ; malgré mes six années de Madagascar, je pus encore résister au climat le temps nécessaire pour ramasser quelques litres d’or. Et un litre de poudre d’or, vous savez, ça représente à peu près quarante mille francs !
— Ça vaut mieux qu’un litre d’absinthe, fit observer judicieusement le cafetier.