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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/289

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case. Puis, à la réflexion, je jugeai l’ouverture trop étroite. Pourtant un frisson traversa ma chair ; je n’osais plus bouger. J’écoutai longuement, retenant ma respiration, songeant que l’homme, l’aventurier, l’assassin était là, derrière la frêle barrière de roseaux, à demi écartée. Car je ne doutais pas que ce fût lui, mon convive de la veille. J’écoutais donc, anxieux, puis je pensai que l’autre aussi écoutait. Il fallait lui donner le change. Que faire ? Je pris mon revolver, me mis à genoux sur mon lit, face à la porte, et je simulai progressivement la respiration de plus en plus lente et profonde d’un homme qui se rendort. La ruse réussit. J’entendis soudain un bruit presque imperceptible de roseaux froissés ; la claie de nouveau s’écarta ; le rectangle de lumière pâle s’élargit sur la moustiquaire. Heureusement j’étais invisible derrière le tulle blanc. Une pause, qui me sembla longue, longue : une fois encore la claie se déplaça. Maintenant il y avait assez de place pour le passage d’un être humain. Je sentis que l’homme allait entrer. Mon cœur battait à coups si forts et si précipités, que j’avais peur d’être trahi par ses battements ; j’en oubliais de feindre le sommeil et m’efforçais de retenir ma respiration. L’autre aussi s’était arrêté ; il devait être inquiet. Soudain je perçus un crissement bizarre, pareil au bruit que fait un rat dans les roseaux d’une case. Ce bruit venait de