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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/290

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la porte. C’était l’homme qui, avec ses ongles, imitait sur la claie la course inégale et saccadée d’un rat. Qu’il connaissait bien les êtres et les choses de la brousse ! Il savait que je ne prêterais nulle attention à un rat, que ce bruit m’inciterait plutôt, si j’éprouvais quelque inquiétude, à me rendormir tranquille. De nouveau je respirai fortement, avec régularité. Une minute passa : tout à coup la lueur blanche fut aux trois quarts interceptée : un corps s’interposait dans l’ouverture ; l’homme était monté sur le seuil, d’un geste souple et silencieux ; pourtant la traverse légère qui supportait le plancher en rapaka avait gémi. Il s’arrêta ; puis, rassuré par ma respiration feinte, il fit un pas en avant. Le plancher céda encore et cria. L’homme demeura immobile, et je tirai trois fois, coup sur coup, pressant la gâchette de l’index droit et supportant l’arme de la main gauche, pour bien viser. Au premier coup, l’homme s’était rejeté en arrière, criant :

— Ça, c’est bien ma guigne !

Il s’était cramponné une seconde à la claie qui céda, et lourdement il était tombé, la face en avant. Je me levai, je cherchai mes allumettes à tâtons, et j’allumai le photophore, mon revolver toujours en main, puis je regardai, à distance raisonnable, le corps étendu. L’homme, couché sur le ventre, semblait évanoui ou mort. Je sortis, j’appelai mes bourjanes.