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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/296

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cultivées et sauvages : manioc, ricins, caféiers, pêchers, aviavy, lilas de Perse. Une digue de terre d’un mètre de large donnait accès à une porte barbare : quatre grands piliers en pierre brute, surmontés d’une dalle. Le soir on roulait dans l’intervalle une sorte d’énorme meule pour obstruer l’ouverture. Cette fortification primitive exalta le Sénégalais. Brandissant son fusil et jetant des cris sauvages, il se rua sur la digue et franchit la porte. Des pans de murs à demi écroulés marquaient la place d’anciennes cases abandonnées ou détruites ; sur les décombres d’autres ruines, fertilisés par le fumier des générations, croissaient avec exubérance les patates et le manioc. Des habitations sans toiture ouvraient dans le ciel leurs fenêtres vides. Quelques maisons, çà et là, recouvertes de zouzourou et fermées par des planches, semblaient habitables. Mais les habitants s’étaient cachés ; et seuls, les animaux, inconscients des querelles humaines, hantaient ce morne paysage. Des vaches broutaient lentement l’herbe rare, des petits cochons noirs batifolaient dans les ruines, et des coqs roux, au poitrail déplumé, aux longues pattes jaunes, picoraient sur le sol maigre à coups de bec précipités. Pourtant deux ou trois têtes bronzées se montrèrent au coin d’un mur ou derrière les planches mal jointes d’une fenêtre. Le Sénégalais tira au hasard une dizaine de coups de fusil, troua deux planches, tua