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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/298

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partout à travers les ouvertures des planches. A l’extérieur on entendait le vague murmure que font ensemble dans un village toutes les bêtes, depuis les libellules au vol strident, les grillons au chant monotone, jusqu’aux porcs qui grognent et aux vaches qui ruminent. Aucuns bruits humains. Le Sénégalais rouvrit la porte ; de nouveau il eut conscience d’yeux sans nombre qui le guettaient sournoisement. Pourtant il n’avait pas peur ; il gardait un mépris immense pour tous les hommes de race malgache, amis du repos et des Kabary, mais qui craignent les coups et la bataille. Il gesticulait, brandissant son fusil comme une sagaie, en un geste ancestral ; il invectivait ses ennemis, à la façon d’un héros barbare, et leur reprochait leur couardise. Il les interpellait dans son français naïf :

— Ça pas des hommes, ça des femmes, ça couillons !

Puis, s’excitant lui-même, il leur criait des injures en langue sénégalaise, comme s’ils avaient pu le comprendre, et les traitait de charognards, d’hyènes et de chacals.

Mais il se calma vite, n’ayant pas l’habitude des longs discours, et, magnanime, il offrit la paix. Une faim obscure habitait ses entrailles et sa langue claquait dans sa bouche desséchée de soif. Il cria naïvement son désir, il demanda Sakafo aux bons Malgaches, et, pour témoigner de ses intentions pacifiques, il jeta