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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/299

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derrière lui son fusil dans l’ombre. Aussitôt des yeux curieux apparurent à la crête des murs ruinés, des formes blanches s’avancèrent dans les rues les plus écartées. Il y eut des conciliabules, des chuchotements, des allées et venues. Enfin deux femmes arrivèrent, timidement. L’une portait un coq vivant aux pattes liées, et l’autre, dans une écuelle en terre, un tas de riz cuit. Une troisième, presque en même temps, vint avec un régime de bananes. Elles déposèrent le tout à deux mètres de lui et s’enfuirent. Il demanda de quoi boire. On lui apporta de l’eau. Sous la varangue pourrissait un vieux siège de zouzourou, tout effiloché. Il s’assit à la manière des vazaha, puis il mangea et but. Il se rassasia de riz, goûta les bananes ; saisissant le coq, il lui tordit le cou et le jeta au loin en ordonnant aux gens du village de le plumer et de le faire cuire.

Passant d’une impression à l’autre avec leur indifférence habituelle, les Malgaches avaient été prompts à se rassurer. Un cercle de curieux, où dominaient les enfants et les femmes, entourait à distance respectueuse le maître du village. Des hommes, des vieillards s’avancèrent avec des gestes obséquieux et des salutations d’esclaves. Ils se courbaient en avant, étendant les mains vers la terre en signe de soumission. Ils offrirent un bœuf, que le conquérant refusa, et une masse de vivres et d’